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From Paris to Hildesheim
2 avril 2016

Présentation Erasmus - Derniers jours

Vendredi et samedi, il faisait un temps radieux, il faisait divinement bon. Le seul "point noir" si l'on peut dire, ce fut le programme de la journée : ateliers interculturels. Nous aurions largement préféré passer ces deux journées à glander un petit peu, mais comme nous sommes des élèves sérieuses, nous avons fini par prendre le chemin de l'Université (à 13h).

Nous nous sommes trompées de campus : nous sommes allées au campus principal alors qu'il fallait nous rendre au campus secondaire (faut-il y voir un acte manqué ?). Heureusement, comme nous prévoyons toujours une petite marge de manoeuvre, nous sommes arrivées pile à l'heure pour le début des festivités.

Mais ce n'est qu'une fois sur place que nous nous sommes aperçues qu'en réalité, ces ateliers étaient facultatifs. Petite explication : lors de la première semaine d'introduction, on avait eu la conférence d'une asso étudiante qui s'appelle "Go Intercultural!", et qui a pour mission, entre autres, de sensibiliser les étudiants au choc culturel qui peut survenir lorsqu'on se trouve face à une culture que l'on ne connaît pas. On nous avait dit que ces ateliers, qui permettaient d'obtenir 2 ECTS si on y assistait, se dérouleraient "plus tard" : par plus tard, il fallait comprendre la semaine suivante, et les atelies en questions étaient inscrits dans le programme officiel, raison pour laquelle nous avons pensé qu'ils étaient obligatoires (#boulettes).

GOINTER

Finalement, c'était vraiment sympa. En anglais, les "formateurs", des étudiants de l'université, nous ont dévoilé les aspects de la rencontre interculturelle et nous ont donné quelques astuces pour affronter ce genre de situation. Nous avions déjà eu des cours sur le sujet à l'ISIT, et j'avais trouvé ça passionnant ! Autant dire que j'étais finalement assez contente du contenu de ces deux journées. Parmi les éléments qui m'ont le plus marquée, en voici deux :

- une simulation au cours de laquelle deux des formateurs sont entrés dans la salle déguisés. Il y avait un homme et une femme. L'homme marchait devant, la femme le suivait, pieds nus, légèrement courbée. Ils ont examiné le cercle des participants en s'arrêtant chaque fois que quelqu'un avait les jambes croisées et émettaient un sifflement. L'homme est allé s'asseoir sur une chaise, la femme s'est assise par terre, à genoux. Puis elle lui a tendu une carotte qu'il a croquée avant de lui tendre pour qu'elle en prenne une bouchée à son tour. Il a ensuite posé sa main sur la tête de la femme et a guidé sa tête jusqu'au sol, répétant ce mouvement trois ou quatre fois. Puis ils se sont levés et sont repartis, l'homme toujours devant. Nous avons dû ensuite écrire une lettre à notre famille pour lui raconter ce que nous venions de voir : je crois que de manière unanime, nous avons parlé d'une société misogyne où la femme est traitée comme inférieure à l'homme. Après cela, les protagonistes sont revenus pour nous expliquer leur "culture" : dans cette dernière, la femme revêt un caractère sacré puisque c'est elle qui donne la vie, et en cela, elle possède un lien particulier avec la Nature (raison pour laquelle la femme ne portait pas de chaussures et s'est assise par terre : pour amplifier ce contact). Puisque la femme est sacrée, l'homme doit la protéger : s'il marche devant elle, c'est pour prévenir tout danger, s'il mange avant elle, c'est pour vérifier que la nourriture n'est pas empoisonné. En tant que "simple" homme, il n'a pas le droit de s'asseoir par terre, contrairement à la femme : pour avoir un contact plus fort avec la Nature, il doit passer par la femme qui joue le rôle d'intermédiaire (losqu'il lui a posé la main sur la tête pour qu'elle s'incline). Cette petite simulation a permis de mettre en lumière un phénomène assez courant lorsque l'on se trouve face à une culture inconnue : les lunettes culturelles, cultural glasses, pour rester dans le contexte. Nous percevons toujours une culture à travers le filtre de notre propre culture : cela nous conduit bien souvent à des décalages et des incompréhensions face à la culture en question, et il est important d'avoir conscience de ce filtre pour ne pas porter de jugement hâtif sur l'autre.

- une "culture" est finalement une notion bien vaste : on parle de culture française,de culture allemande, de culture indigène, de culture amérindienne... Si l'on est tous d'accord pour admettre qu'une culture recouvre des caractéristiques partagées par un plus ou moins grand nombre d'individus (souvenirs d'histoire, KH ! ), l'individu, lui, ne se réduit pas à ça : dans l'unité d'une culture, il faut garder en tête qu'il existe une quasi-infinité de "sous-cultures" qui font la diversité des individus, et cela est très lié avec le contexte dans lequel on grandit et on vit. Pour illustrer cette idée, on peut prendre l'exemple d'une fleur : chaque pétale correspond à un élément qui nous qualifie et nous est propre. Par exemple : moi, Noëllie, suis française (je me reconnais de cette culture parce que je parle cette langue, que je suis née en France et que j'y ai grandi !). Mais ce qui fait ma

singularité, c'est parce que l'individu que je suis est influencé par d'autres sous-cultures que je peux, ou non, partager avec d'autres individus : la khâgne, le lycée Paul Cézanne, puis maintenant l'ISIT et mon Erasmus en Allemagne, mon amour des tatouages et du thé, le Sud de la France, ma famille et mes amis... Tout cela fait que je reste singulière même si j'appartiens à ce que l'on nomme "culture française". Dans le contexte d'une rencontre interculturelle, il faut donc se garder de généraliser au point d'en oublier la notion de l'individualité !

IMG_0525

Sur la première photo en haut à droite, vous pouvez voir des gens avec les yeux bandés : il s'agissait d'une sorte de parcours d'obstacles semblable à ce qu'on pouvait faire étant petits : avec des "bouts de tapis" verts, on devait traverser un parcours sans que nos pieds ne touchent le sol (pour ne pas tomber dans la lave) ! C'était un travail de coopération, dans la mesure où on n'avait que 6 ou 7 tapis et que des "handicaps" avaient été distribués aux étudiants : aveugles (j'ai fait partie de ce groupe), mains attachées, muets, avancer à l'envers...

Bref, c'était plutôt sympa ! Finalement, je suis bien contente de m'être "trompée", parce que ces ateliers m'ont beaucoup apporté !

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